La fin des cours

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La fin des cours

"Vous pouvez désormais poser vos stylos. Veuillez rester assis à votre place jusqu'à ce que l'on vous dise de vous lever !"

A 19h j'ai posé mon crayon sur ma table, mettant ainsi fin à une nouvelle année de cours, mais une année que j'aurais passé dans un pays étranger. Pour l'occasion, je voulais vous parler un peu du système universitaire britannique.

"T'as bien de la chance d'être Erasmus toi, tu payes rien ici !"

La différence majeure entre les universités françaises et britanniques, ce sont les frais d'inscription ! C'est un sujet qu'il ne faut généralement pas aborder avec des anglais quand on est, comme moi, un étudiant étranger. En effet, en tant qu'étudiant français d'une université partenaire, je paye les frais d'inscriptions correspondant au barème français - en tant que boursier je ne paye rien, mais la somme est dérisoire contrairement à ce qu'un étudiant anglais doit débourser par an.
Ainsi, un étudiant britannique qui aurait suivit une année de cours ici comme moi devra débourser £9000 (~ 11 900€) par an + les frais de logement. Une licence durant trois ans, je vous laisse faire le calcul...
Les universités britanniques sont toutes ce qu'on appellerait en France des "écoles privées sous contrat" : elles se gèrent en complète autonomie, mais ont le droit de délivrer des diplômes reconnus partout dans le pays et en Europe. En tant qu'établissements privés, c'est à elles seules de décider du montant des frais d'inscription. On constate cependant qu'elles appliquent à peu près toutes les mêmes tarifs.
Avec un tel montant cependant, les "prestations" sur le campus sont bien supérieures à nos universités en France : centre commercial, une vingtaine de cafétéria, un service gratuit de location de vélos, trois boites de nuit, deux pubs, et des professeurs qui vous accompagnent vraiment !

"Si vous avez des questions, venez me voir dans mon bureau, c'est fait pour ça !"

Les professeurs justement, parlons-en.
Je n'irai pas jusqu'à dire que les professeurs français n'en "ont rien à foutre" de leurs élèves (parce que ce n'est pas vrai), mais ils ne sont pas animés de la même flamme que leurs voisins britanniques. Ici, le professeur est vraiment là pour faire réussir l'élève et pour l'encourager à aller au-delà.
Chaque professeur dispose d'environ cinq heures de présence par semaine où on peut aller le voir pour lui poser des questions sur son cours, sur une dissert', ou tout simplement pour lui parler de nos problèmes perso. La réponse à un email se fait généralement dans l'heure, au pire des cas dans la demi-journée. J'ai même eu un prof qui nous a envoyé plusieurs mails dans l'année, se plaignant de n'avoir personne dans son bureau lors des horaires de présence. Voilà quelque chose d'impensable en France !
C'est très différent de ce que j'ai pu connaitre dans les deux universités françaises que j'ai traversé depuis 5 ans. Et je dois bien avouer que le concept m'a plu : j'ai toujours trouvé un oreille attentive à mes questions et un suivi régulier de mes demandes.

De l'importance de la socialisation et de la différence d'âge

Une autre différence majeure entre les deux universités, ce sont les résidences étudiantes. Le système britannique est organisé de telle façon que les étudiants de première année sont accueillis en priorité dans les résidences du campus, gérées par l'université elle-même. C'est là qu'ils se font une bonne partie de leurs ami(e)s pour leurs années à venir. Dès la deuxième année, la plupart déménagent dans des maisons privées, où ils se retrouvent entre eux ; et une nouvelle génération de freshers vient prendre la place dans les résidences.
En tant qu'étudiant Erasmus, j'ai une place réservée dans une résidence de mon choix. Ceci afin d'éviter à un étranger de devoir visiter des appartements, de trouver des cautions, etc. Le système est louable, mais dans bon nombre de cas - et malheureusement j'en fais partie - la cohabitation se passe mal.
Être un étudiant de Master de 22 ans et devoir vivre avec des "gamin(e)s" de 18 ou 19 ans, c'est pas facile tous les jours. C'est leur première année loin de papa/maman, c'est leur année "cool" car ils n'ont pas vraiment besoin de se soucier de leurs résultats : donc c'est la foire, mais vraiment ! Au fond, je ne leur en veux pas - c'est leur année de relâche, ils en profitent - mais parfois le respect est complètement oublié et la collocation se passe mal. Je dois bien avouer que c'est avec un certain soulagement que je quitte cette résidence, où j'ai clairement passé les plus mauvais moments de mon année (bon, c'est quand même pas les moments que je retiendrais en priorité, hein !).

"Ouais, et les études là-dedans ?"

J'y viens.
Les cours aussi sont organisés différemment. En Angleterre, un cours magistral ne dure pas plus de 50 minutes, de même pour les travaux dirigés. En France, il m'est arrivé d'avoir des cours de 4 heures, plusieurs fois par semaine. Clairement, ici les semaines sont moins chargées, mais le travail personnel est plus important.
En France, le professeur dit tout ce qu'il sait sur le sujet, et vous êtes interrogé sur ça. Faire des recherches complémentaires est fortement conseillé, mais on peut s'en tirer avec la moyenne en se contentant du cours. En Angleterre, le professeur n'est pas là pour transmettre des connaissances au sens premier du terme, mais plutôt pour donner des pistes de réflexion ; à nous d'aller lire par nous-même, de chercher par nous-même : bref de travailler le cours. On nous donne les grandes tendances, c'est à nous d'approfondir.
En travaux dirigés, c'est pareil. Chaque semaine, il y a une liste de lectures à faire (souvent 2 ou 3 textes d'une vingtaine de pages). Et pendant le cours, ce sont les élèves qui parlent, le prof n'est là que pour organiser les débats et rectifier les éventuelles erreurs/incompréhensions des élèves. Si personne ne parle, le prof ne va pas délivrer son savoir. Si personne n'a lu les textes, tant pis : on sortira plus tôt sans avoir appris quelque chose. Tout est centré sur le travail des élèves, ce sont eux qui font le cours !

Cet article s'éternise, et je ne vous ai pas habitués à autant de lecture (^^). Pour conclure, je dirai simplement que cette année de cours m'a permis de découvrir une autre façon d'enseigner et un autre style de vie étudiante. Je ne saurais pas dire quel système je préfère, tant les deux sont opposés sur beaucoup de points. Cela m'a en tout cas ouvert l'esprit, c'est sûr !


Cheers!

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S
Formidable texte fort intéressant et..... non ,pas trop long.<br /> Il y a semble t'il un mix des 2 systèmes en Belgique , à voir comment ma compagne Patricia a étudié il y a 6 ans (reprise d'un Master à 44 ans..alors tu peux imaginer le ''contraste'' que tu as vécus entre les 18-19 ans et toi et ce que Patricia a du gérer !!!). En effet , je fus fort étonné qu'au cours les profs n'enseignaient pas vraiment comme à mon époque mais suggéraient des réflexions et des recherches à la maison. (recherches auxquelles j'ai parfois participé car ce n'est pas si évident et surtout en ayant eu un break d'étude de....... 22 ans..).<br /> Te voilà donc sur le point de rentrer chez toi, cela doit être un moment particulier entre la joie du retour et la nostalgie de cette expérience. <br /> Expérience qui t'auras enrichi , ouvert et ...fait vieillir . Mais c'était le but .<br /> Félicitation pour l'effort fournit et je te souhaites tout le meilleur et de profiter d'un peu de repos ,de calme et de retrouver tes pots de chez toi.<br /> Serait ce la dernière fois que j'écris sur ce carnet de voyage qui nous a garder en contact durant ton aventure outre manche ? Probablement . J'en garderai un souvenir sympathique .<br /> à bientôt l'Aiglon .<br /> amicalement,<br /> Serge.
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G
Merci pour ce message Serge ! Patricia a eu du courage en effet, bravo à elle !<br /> L'aventure de ce blog n'est pas encore finie, j'ai encore des choses à dire, haha :)